jeudi 21 novembre 2013

LA MAIN D'ORUNMILA (IFA/FA) AU TOGO 1

Dans l'un de mes précédents articles intitulé Les écritures saintes du voduisme, j'ai mentionné l'importance et la valeur du Fa dans vie de chaque individu. Le Fa, outil fondamental de vision du monde, est la fondation même du vodouisme. Le Fa vous rend maître de votre destin en vous montrant quel vodu servir et comment pratiquer la spiritualité vodouiste en général. Beaucoup d'entre nous ont tendance à penser qu'il peuvent se lever du jour au lendemain pour choisir un Vodu à adorer : c'est FAUX! Biensûr, vous pouvez choisir d'adhérer à des vodus comme Alafia où un simple baptême vous suffit pour en être adpte; cependant, il existe différents types de Vodus en fonction de la manifestation de MAWU sous forme d'Eau, de Terre, de Feu et d'Air. Le plus important ce sont les vodus avec lesquels nous sommes nés. En d'autres mots, bien qu'il existe plusieurs vodus, nous ne sommes pas censés les adorer tous! Pour découvrir le vodu qui se trouve dans votre être profond, il vous faut faire une cérémonie spéciale appelée La Main d'Orunmila. Quelles sont les différentes étapes de la Main d'Orunmila?

AGBASSA : Place de Letekpo 

Quel est l'intérêt de la Prise de Fa?

Chacun de nous, en naissant, a déjà reçu une mission chez MAWU( Dieu) avant de venir sur terre. Cette mission est en fait son destin que lui-même a négocié avec Dieu en esprit. Cette mission est comme un contrat qu'il a signé avec Dieu. Comment savoir une fois né, le contrat que j'ai noué avec Dieu? Avec la découverte de ce contrat, vous devenez maître de votre destin et votre kponli ou Fa devient comme un grand livre dans lequel vous lisez les évènements de votre vie et gérer les aléas du futur.

Quelles sont les différentes de la Prise de Fa?

Selon que vous êtes homme ou femme, les étapes de la Main d'Orunmila diffèrent. La cérémonie dure 3 jours pour les hommes alors qu'elle n'est que de 2 jours pour les femmes. Il faut aussi noter que les hommes vont au ZU (Forêt de renaissance) dans un endroit complètement différent de l'AGBASSA tandis que les femmes "tracent leur kponli" dans l'Agbassa. Plusieurs Prêtres Fa sont d'accord que les femmes ne vont pas au ZU. Au lieu d'écrire les processus d'homme et de femme différemment, nous allons plutôt faire une combinaison des deux processus en spécifiant à chaque étape qui est concerné par l'étape en question.
Pic1: Mon parrain SODOLO et moi

Etape 1: Les initiations préliminaires: En Ewé nous l'appelons " Xɖoɖo" ou " Ameƒoƒo de xᴐ"

Cette étape est aussi bien pour l'homme que pour la femme. Ici, le concerné prend contact avec son Parrain qui l'amène chez le Bokongan (Grand Prêtre Fa) avec son visage bandé. Le Parrain a pour devoir de convaincre le Bokongan de faire le Fa pour son filleul. La coutume veut que le Bokongan refuse à plusieurs reprises de faire le Fa pour le concerné en cherchant de fauses raisons. Voici la coutume

Parrain: Ago (Toc toc) chez Bokon
Bokongan: Qui est-ce?
Parrain: Mon nom est Vozz KOFFI
Bokongan: Pourquoi frappez-vous à ma porte cette nuit?
Parrain: Je suis à la recherche de santé, de bonheur, de prospérité et il m'a été demandé de faire mon Fa. Voilà pourquoi je frappe à votre porte pour que vous me fassiez mon Fa.
Pic2: Mon premier contact avec le LETEKPO 
Bokongan: Je suis fatigué, je ne peux rien faire pour toi.
Parrain: Je vous en supplie Bokongan, j'ai besoin de votre aide.
Bokongan: OK, as-tu 16 moutons? 16 litres de Gin? 16 noix de Fa? 16 Ataku? 16 Evi? 16 metres d'Aklala? 16 litres d'huile rouge? 16 litres de vin de palme? 16...
Parrain: Oui, tous ces éléments sont prêts.
Bokongan: Vozz KOFFI va-t-il respecter les lois du Fa?
Parrain: Oui il le fera. 
Bokongan: SI le Fa lui demande de manger du caca, de boire l'urine, de sauter du haut d'une montage, de renier  son père et sa mère, le fera-t-il?
Parrain: Oui il le fera.
Bokongan: Oh! je vois que Vozz KOFFI a vraiment besoin du Fa; entrez donc!


Maintenant, le concerné est introduit dans l'AGBASSA où il prend son premier contact avec le LETEKPO, une petite planche sur laquelle sont inscrits les 16 principaux kponlis du Fa. Le bokongan prend la main du concerné pout toucher chaque kponli un à un en citant leur nom respectivement. Arrivé sur certains Dous prestigieux à l'instar de YEKU do GBE, il entonne un chant particulier pour accompagne la cérémonie comme "YEKU do GBE awonowo la va". Le concerné passera le reste de la nuit à apprendre à "piquer les noix de Fa" sous les sons de tambours, de gong et d'Aya.


Pic3: Je m'accoutume à piquer les Faku

SEtape2 :  Zuyiyi (Aller au Zu)

Kponli qui m'a amené au ZU
Cette étape est exclusivement pour les hommes car les femmes ne vont pas au Zu. Cette étape débute le lendemain du xɖoɖo. Avant d'aller dans le forêt de renaissance, le Bokongan a besoin de savoir dans quel état d'esprit le concerné doit être pour y aller. Pour cela, il a besoin de consulter le Fa. Dans mon cas, c'était TULA-LOSO (OTURA-IROSUN). Le Du dit en Ewe " Aguda yovowo w tu va wo me nya tua  fe xome o; tu wu na tut" qui signifie "Les arabes (blancs) ont fabriqué le fusil mais ignorent ce que le fusil a dans le ventre. Le fusil peut tuer son propriétaire. "Nuledo ne Bokonganwo", Honneur à tous les grands bokons.

Pic4: Mon parrain SODOLO m'amenant au ZU

Etape 3 : Zume (Zu)

Zu part 1:
Pic5: Zu Part1 : First contact with my Fa nuts

Comme je l'avais déjà expliqué, Zu est la forêt de renaissance ou les individus "te na kponli" c'est à dire "tracer leur kponli (Odu)". C'est le parrain qui a la charge d'amener son fieul au ZU en réitérant la coutume de l'étape 1. Lorsque le Bokongan deamande finalement au parrain d'amener le concerné, Bokongan fait beaucoup de rituels pour préparer le concerné à entrer en contact avec son destin. Le concerné devra révéler le "contrat" qu'il a signé avec MAWU (Olodumare, Dieu) avant sa naissance dans le lieu appelé en Ewé Sefe (Lieu de floraison). Comme le veut la coutume, Bokongan montre au concerné, 18 noix sacrées de Fa et demande au concenrné ce que c'est. Souvent, la réponse est "noix de palme" et c'est là que le Bokongan corrige en disant "Ce sont vos Faku : noix de Fa". Il est ensuite demandé au concerné de ramasser ses Fakus et de toucher le front et la poitrine avec. APrès avoir accompli ces mouvements, le concerné met ses noix de Fa dans son akpaku  6 par 6 en disant respectivement: Bolu, boya, bokitse

Zu part2

Le concerné est maintenant amené dans un autre lieu du ZU pour toucher ses noix de Fa avec ses pieds. Il est demandé au concerné de mettre son pieds droit sur les noix; puis le Bokongan et les assistants bokons mettent leur pieds droit sur les noix de Fa. Bonkongan intone la chanson légendaire :

Pic7: Zu part2: Close contact with my Fa nuts

Te lele, te lele Ogbe medzi te lele 
Te lele, te lele Yeku medzi te lele
Te lele, te lele Woli medzi te lele

.... ... (all of the 16 Odus are sung)...


Te lele, te lele Otse Medzi te lele.
Te lele, te lele Ofun Medzi te lele. 


Le même rituel est effectué comme précedemment avec le concerné qui pose son pied gauche sur les noix. 


Zu part3:


Bokongan ramène le concerné au lieu de départ pour rituel le plus crucial de la vie du concerné : Tracer son kponli. En clair, le concerné mettra en lumière le contrat qu'il a signé avec MAWU (Dieu) avant sa naissance. Dans mon cas, Bokongan TOVIGNO a commencé à invoquer MAWU les esprits du Fa. Il leur a demandé de m'assister dans ma mission de traçage de DU. Il a demandé à MAWU d'envoyer le vrai message à propos de mon "étoile" ou de ma destinée. Il a demandé à Fa Lomina (Orunmila) de guider mes mains et mes doigts pour tracer le kponli correct. Il m'a demandé de ramasser mes noix de Fa avec mes deux mains. Il m'a demandé de les montrer à l'Est, Ouest, Sud, Nord, Ciel et Terre. Je leur ai montré mes mes noix de Fa leur disant "Me tsavalu mi lo" ( Je vous rend hommage en Ewe) et ils m'ont répondu  "Elatse" (Bonne chance). A la fin, mon kponli était  ...[CONFIDENCIEL]...(Pic 8)
Pic 8: Finding my Kponli (Ori) in ZU



Zu part4:

Lorsque le concerné aura fini de tracer son kponli, le Bokongan prend le relais et continue la consultation du Fa afin de voir si son kponli est favorable/ futur (Ex Vo) ou défavorable/passé (Eŋe Vo). Ensuite, le Bokongan recherchera le Vo qui est un symbole pour les voduïdes. Les Vo les plus fréquents sont: D (maladie), Eku(la mort), Agbetase(longévité), Mdumgba(prospérité), he(culpabilité), vodu (divinité), ...Finalement, le Bokongan va chercher le Du qui va ramener le concerné à l'AGBASSA. Pour naître de nouveau, le concerné prendra un bain spécial avec des palntes médicinales. Comme symbole de renaissance il est demandé au concerné de raser sa tête (ce qu'il peut accepter ou refuser) et des se vêtir de blanc (Pic9).


Pic9: ZU part 3: Bokonvi (New bokon)

A SUIVRE...

Tse TULA


lundi 11 novembre 2013

LES VERSETS FA : TULA ÐO GBE

ENGLISH
Le Fa ou Ecritures saintes du vodouisme, comporte 256 kponlis et chaque kponli a 16 versions. En d'autres mots, en mettant sous forme écrite tous les kponlis du Fa, nous avons 256 livres et chaque livre est subdivisé en 16 chapitres. Les 16 versions d'un même kponli Fa empêchent les interprétations détournées des écrits car chaque interprétation doit être conforme aux 16 versions sans exception! Les efforts de versification de ces livres, ont pour objectif de faciliter sa compréhension.
Dans cet article, nous allons parler du 193 ième livre sacré du Fa: le livre de TULA-GBE. Nous nous limiterons à la première version de ce kponli. Le texte original est en Ewé (langue parlée au Togo, au Ghana et au Bénin). 



KPɔ̃LI 193 lia : TULA - GBE

(Le 193 ième livre sacré du FA : TULA - GBE)

  



GBESA : KPO DZE ŊGO ME BIA ƲÙ TA SE O.

(INCANTATION : QUI A REÇU UN COUP DE BATON SUR LA TETE 

NE DEMANDE PAS SI LE SANG VA GICLER.) 

DRŨ KϽKOE

Nnme gbãtᴐ : Fia hotsitᴐ kple srᴐawo
FA do aliwoya ! Gboade !
1-Fia kesint aɖe n Ifεtome. Eɖe nynu agbaze yib aɖe si me nyakpkp eye me nya nuɖaɖa o. Nynua ƒe d seŋu alegbegbe be, fia me kpᴐ na dzidz aɖeke o elabena nynua ɖena nu to le aku me nae. 2-Esiata, fia bidzi eye wŏyi ɖe nyᴐnu yeye aɖe si bia, nyakpkp eye nya nuɖaɖa nyuie. Fia lɔ̃ nynu sia elabena edo na dzidz nae sugb. 3-Gbeɖeka, esime nynu dzĩia ɖanu daɖi ne fiala, aƒena va de nú eme. Kiasia fia ɖu nua ko, dme te lele eye wὸt alenana. 4-Fia yi dzi eme kp le bok gb he kp kpɔ̃li : TULA ɖo GBE ; wo to nae be, kpo me dzena ŋgo ye wo bia na ʋù ta se o. 5-Emegbea, fia la ku eye wo be nynu yeyea ye wùi ɖoa eye ɖa nua nae. 6-Nynua yi yeɖokui me eye wὸ y MAWU gbl nae be : « Yεhε, Wὸ ɖeka koe nya nu si le dzdzm ; ameaɖeke me li aɖί ɖase nam o. Me ga gblem ɖe aʋa sia me o. » 7-Tete, fia si kua f eye wŏ gbl ne amewo be yesr xoxoae de nu nuɖuɖu me na ye, yena yeku.
Blu ! bya ! bkitsε !

CONTE SACRE
Première version : Le riche roi et ses femmes
Fa va parler : Nous l’écoutons !
1-Dans la cosmogonie Ifè, avait existé un roi qui avait épousé une femme teint noir, qui n’était pas belle et qui ne savait pas préparer non plus. Cette femme avait un caractère si répugnant que le roi n’était pas du tout heureux avec elle puisqu’elle ne faisait que lui causer des soucis. 2-Pour cela, le roi vexé était parti épouser une nouvelle femme, teint clair, belle et qui savait bien faire la cuisine. Le roi était très amoureux de sa nouvelle femme car elle le rendait tellement heureux. 3- Un jour, quand la femme claire a fait un repas pour le roi, la première femme est venue empoisonner la nourriture. Dès que le roi eu fini de manger, il a commencé à avoir des maux de ventre et à se lamenter. 4-Le roi est parti consulter le FA et le kponli trouvé est le TULA-GBE. Le bokon lui a dit ceci : « Qui a reçu un coup de bâton sur la tête ne demande pas si le sang va gicler. » 5-Après cela le roi était mort et la femme claire fut accusée de meurtre puisque c’était elle qui avait fait le repas du roi. 6-La femme est entrée en elle-même et a invoqué MAWU(Dieu) en ces termes : « Yèhouè, c’est toi seul qui sait ce qui se passe. Je n’ai personne pour témoigner pour moi. Ne m’abandonne pas dans cette guerre ». 7-Soudain, le roi qui était mort était ressuscité et avait dit que c’était sa première femme qui l’avait empoisonné.
Nous disons merci!

Ce kponli traite de l'accusation à tort d'un innocent, de la polygamie... Nous précisons qu'à l'opposée des versets universalistes (valables pour tous les croyants) des livres abrahamiques, un verset Fa ou un livre Fa n'est valable que pour celui qui consulte le Fa à un instant t. Ce kponli peut aussi être le contrat qu'un individu X a signé avec Dieu avant sa venue sur Terre qu'on découvre durant la cérémonie de prise de Fa ou de la main d'Orunmila.

Vozz KOFFI