QUE DEVIENT L'AME D'UN VODOUISTE MORT ?
NB: Je veux bien souligner la relativité éwée de cet article. Je n'ai pas encore poussé mes recherches plus loin pour généraliser les conceptions de la mort.Vous aurez aussi besoin de terminologie du vodouisme pour comprendre l'article.
Introduction
"Qu'est-ce que tu vas devenir après la mort?", "Tu crois en une vie après la mort?","Tu ne veux pas aller au paradis?", "Avec ce que tu écris sur le vodou, tu iras en enfer." Voilà quelques phrases que j'ai l'habitude d'entendre de part des chrétiens et des musulmans qui s'entredéchirent pour "sauver mon âme désséchée".
Cependant, il ne leur est jamais venu à l'esprit que mon éducation d'Ewé m'avait dejà prédestiné à une autre vie après ma mort? Se sont-ils vraiment demandé si ces notions de paradis et d'enfer étaient universelles?
CONCEPTION DE LA MORT CHEZ LES EWES.
Chez les Ewés, quand quelqu'un meurt, il y a beaucoup d'expressions pour décrire ce phénomène:
-"Eku" => "il/elle est mort(e).
-"Edzo"=> "il/elle est parti(e)
-"Eyi nugbe" => "il/elle est parti(e) en mission"
-"Edin" => "il/elle est devenu(e) introuvable"
-"Ebio mon"=> "il/elle a demandé chemin"...
Nous pouvons déduire de ces expressions, que la mort est toujours associée à un voyage. Qui voyage? vers où? pour y faire quoi?
Eh bien, c'est le "klan" (esprit d'une personne chez les Ewés) de l'individu qui fait ce voyage. C'est ce klan qui a vécu dans la chair de l'individu durant toute sa vie. Le klan voyage sur "Kuwode" c'est à dire "chez les morts". Cette expression est littérale et descriptive. Le vrai nom de "chez les mort" en vrai Ewé est "avlime" par opposition à "agbegbome" pour désigner la vie. Le klan va au pays des mort pour y rencontrer ceux qui sont dejà morts. Donc un individu décédé va retrouver les siens au royaume des morts.
QU'EST CE QUI SE PASSE LORSQU'UN INDIVIDU MEURT ?
Chez les Ewés,c'est la mort personnifiée en "kudzesu" ou en "tsanagasu" qui vient mettre fin à l'existence charnelle d'un individu pour lui ouvrir la voie de l'existence spirituelle. Donc un individu ne meurt pas réellement car c'est son klan qui a quitté une existence charnelle pour une existence spirituelle. C'est pourquoi, dans la vodoucratie nyigblin, quand le Roi meurt, l'interrègne peut aller jusqu'à 25 ou 30 ans durant lesquels le roi est supposé continuer à gouverner. "Les morts ne sont pas morts" disait David DIOP. D'après la tradition orale, l'esprit de l'individu mort, après avoir quitté l'enveloppe charnelle, commence à marcher sur un long et vaste chemin jusqu'à arriver à un fleuve. C'est la traversée de ce fleuve qui l'amène au royaume des morts et qui décide de la mort définitive de l'individu. C'est à dire qu'au cours de son voyage, d'autres personnes mortes avant lui, peuvent renvoyer l'esprit dans le corps pour qu'il reprenne vie si l'individu est jugé trop jeune pour mourir ou s'il n'a pas encore fini sa mission dans l'agbegbome. Si l'esprit ne peut plus prendre vie dans l'enveloppe charnelle, il est condamné à errer dans la nature jusqu'à accomplir sa mission avant d'avoir l'autorisation de traverser le fleuve. Les revenants éwés sont des esprits qui n'ont pas fini leur mission sur terre et qui n'ont pas pu traverser le fleuve. Donc, est mort chez les Ewés, l'individu dont l'esprit a quitté le corps et qui a réussi à traverser le fleuve qui mène au Royaume des morts.
Le jugement
La place de l'individu dans le royaume des morts, dépend des circonstances de sa mort: S'il est mort sur un champs de bataille, dans un accident, à la suite de blessures graves, de maladie... son esprit ira à "Apegan"(la grande maison) ou "zogbe"(champs de feu) qui est en réalité "champs de bataille" car ce sont ceux qui sont morts à la guerre qui vont là bas. S'il est mort naturellement, son esprit ira à "Apevi" ( la petite maison). Après la traversée du fleuve, l'esprit arrive au Royaume des morts pour se faire juger en premier lieu par la législation en place. Il est jugé par ses SEMBLABLES qui l'observaient depuis l'au-delà du fleuve durant toute son existence. Donc, le jugement que subit un Ewé après sa mort est réalisé par des HUMAINS morts avant lui. S'il est jugé coupable de transgressions graves, il purgera une peine avant de rejoindre ses ancêtres et de pouvoir circuler librement dans le royaume des morts. La tradition raconte que les punitions peuvent être très graves: Si un individu a intenté en vain à la vie de son frère et meurt avant son frère, la punition est de le laisser à genoux dans les coques des noix de palme jusqu'à la mort de son frère; et c'est au frère de décider de la punition appropriée. D'autres punitions consisteraient à s'agenouiller dans du sable chaud et à purger de longue peines de prison.
La réincarnation
Quand l'esprit a passé son jugement et éventuellement a purgé sa peine, il rentre dans le royaume des morts où il rencontre ses ancêtres. Là il se repose avant de décider de revenir dans la vie sous une autre apparence humaine mais son klan reste le même. L'esprit se réincarne à partir de "Sé" ou "Sé me" qui signifie "floraison" ou "lieu de floraison"; et c'est à "Se me" qu'il reçoit sa mission terrestre. Cette mission est confiée par Dieu à l'individu qui peut accepter ou demander une autre mission: C'est le "biova" (ce qui est demandé) plus connu sous le nom de destin. Donc dans conception du monde éwée, chaque individu a voulu ou a demandé tout ce qui lui arrive dans sa vie en fonction de son biova. C'est après le biova que l'esprit conçoit la forme humaine sous laquelle il veut se réincarner et de revenir à la vie par le mystère de la naissance. L'esprit n'est pas obligé de se réincarner dans sa propre maison, dans son village ou dans son pays. Il se réincarne n'importe où. Mais comment savoir où l'esprit s'est réincarné?
La porte de l'au-delà ou Hô
A la naissance d'un enfant chez les Ewés, on cherche toujours son "dzoto" qui signifie "qui l'a conçu". Pour connaitre ce dzoto, les parents doivent l'amener à "Hô yo pe" qui signifie littéralement "lieu d'appelation de la chambre". C'est la porte du royaume des morts. C'est le lieu où tout le monde peut communiquer avec ceux qui sont décédés. C'est necessaire de connaitre celui qui a conçu un nouveau-né pour comprendre son comportement dans la société. Souvent un individu calme se réincarne en un autre individu calme; un individu bruyant revient bruyant; un travailleur revient travailleur et un paresseux revient exactement pareil etc. Pour communiquer avec l'esprit d'un mort, une prêtresse vodou (c'est à 98% des femmes) appelle un "tofiala" qui signifie littéralement "qui montre le fleuve". Dans le mot tofiala, il y a "to" qui signfie fleuve. Donc le tofiala est cet être qui conduit les esprits vers le royaume des morts en assurant leur traversée du fleuve. En quelque sorte, c'est le "piroguier" des morts. C'est le tofiala qui va chercher le mort avec qui on a envie de parler. C'est à partir de ce "Hô yo pe" que toutes les informations concernant la mort qui ressemblaient à un mythe au départ, ont été recueillies. Ce Hô est un voduïde de type particulier, différent du vodou, du zoka ou du azé. C'est un lien entre le monde sensible et le monde invisible.
Conclusion
A la vue de ces informations, il n'y a pas d'enfer ou de paradis dans la culture Ewée. L'existence est continue, linéaire où la mort et la naissance ne sont que d'éternels recommencements. Tout ce qu'un individu fait durant son existence, il l'a demandé avant de naître. C'est pourquoi la notion de destin est trop cruciale dans la culture éwée. L'absence de paradis dans la philosophie éwée a eu une incidence remarquable sur les règles morales des Ewés. Tu ne tueras pas; tu ne voleras pas; tu ne dois pas convoiter la femme ou le bien d'autrui...tout ceci se fait SANS CONDITION. Tout le monde est censé respecter ces règles, pas pour une récompense céleste, mais pour le "bien-être de la société" qu'on dit "VODU" en Ewé. Voilà le lien étroit entre la culture éwée et le vodou. Donc il est impensable qu'un Ewé puisse dissocier sa culture du Vodou parce que toute la culture éwée est programmée en langage vodou car quiconque ne respecte pas les principes de bienséance sera jugé, soit ici à "agbegbome", soit dans "l'au-delà du fleuve" à "avlime" par ses semblables sous l'oeil bienveillant de MAWU (Dieu). Un individu né dans un environnement vodouique, qui se convertit à une autre religion, est entrain de se renier lui-même .
Vozz KOFFI
QU'EST CE QUI SE PASSE DANS LE ROYAUME DES MORTS ?
Le jugement
La place de l'individu dans le royaume des morts, dépend des circonstances de sa mort: S'il est mort sur un champs de bataille, dans un accident, à la suite de blessures graves, de maladie... son esprit ira à "Apegan"(la grande maison) ou "zogbe"(champs de feu) qui est en réalité "champs de bataille" car ce sont ceux qui sont morts à la guerre qui vont là bas. S'il est mort naturellement, son esprit ira à "Apevi" ( la petite maison). Après la traversée du fleuve, l'esprit arrive au Royaume des morts pour se faire juger en premier lieu par la législation en place. Il est jugé par ses SEMBLABLES qui l'observaient depuis l'au-delà du fleuve durant toute son existence. Donc, le jugement que subit un Ewé après sa mort est réalisé par des HUMAINS morts avant lui. S'il est jugé coupable de transgressions graves, il purgera une peine avant de rejoindre ses ancêtres et de pouvoir circuler librement dans le royaume des morts. La tradition raconte que les punitions peuvent être très graves: Si un individu a intenté en vain à la vie de son frère et meurt avant son frère, la punition est de le laisser à genoux dans les coques des noix de palme jusqu'à la mort de son frère; et c'est au frère de décider de la punition appropriée. D'autres punitions consisteraient à s'agenouiller dans du sable chaud et à purger de longue peines de prison.
La réincarnation
Quand l'esprit a passé son jugement et éventuellement a purgé sa peine, il rentre dans le royaume des morts où il rencontre ses ancêtres. Là il se repose avant de décider de revenir dans la vie sous une autre apparence humaine mais son klan reste le même. L'esprit se réincarne à partir de "Sé" ou "Sé me" qui signifie "floraison" ou "lieu de floraison"; et c'est à "Se me" qu'il reçoit sa mission terrestre. Cette mission est confiée par Dieu à l'individu qui peut accepter ou demander une autre mission: C'est le "biova" (ce qui est demandé) plus connu sous le nom de destin. Donc dans conception du monde éwée, chaque individu a voulu ou a demandé tout ce qui lui arrive dans sa vie en fonction de son biova. C'est après le biova que l'esprit conçoit la forme humaine sous laquelle il veut se réincarner et de revenir à la vie par le mystère de la naissance. L'esprit n'est pas obligé de se réincarner dans sa propre maison, dans son village ou dans son pays. Il se réincarne n'importe où. Mais comment savoir où l'esprit s'est réincarné?
La porte de l'au-delà ou Hô
A la naissance d'un enfant chez les Ewés, on cherche toujours son "dzoto" qui signifie "qui l'a conçu". Pour connaitre ce dzoto, les parents doivent l'amener à "Hô yo pe" qui signifie littéralement "lieu d'appelation de la chambre". C'est la porte du royaume des morts. C'est le lieu où tout le monde peut communiquer avec ceux qui sont décédés. C'est necessaire de connaitre celui qui a conçu un nouveau-né pour comprendre son comportement dans la société. Souvent un individu calme se réincarne en un autre individu calme; un individu bruyant revient bruyant; un travailleur revient travailleur et un paresseux revient exactement pareil etc. Pour communiquer avec l'esprit d'un mort, une prêtresse vodou (c'est à 98% des femmes) appelle un "tofiala" qui signifie littéralement "qui montre le fleuve". Dans le mot tofiala, il y a "to" qui signfie fleuve. Donc le tofiala est cet être qui conduit les esprits vers le royaume des morts en assurant leur traversée du fleuve. En quelque sorte, c'est le "piroguier" des morts. C'est le tofiala qui va chercher le mort avec qui on a envie de parler. C'est à partir de ce "Hô yo pe" que toutes les informations concernant la mort qui ressemblaient à un mythe au départ, ont été recueillies. Ce Hô est un voduïde de type particulier, différent du vodou, du zoka ou du azé. C'est un lien entre le monde sensible et le monde invisible.
Une prêtresse vodu de Hô VozzPhoto |
Conclusion
A la vue de ces informations, il n'y a pas d'enfer ou de paradis dans la culture Ewée. L'existence est continue, linéaire où la mort et la naissance ne sont que d'éternels recommencements. Tout ce qu'un individu fait durant son existence, il l'a demandé avant de naître. C'est pourquoi la notion de destin est trop cruciale dans la culture éwée. L'absence de paradis dans la philosophie éwée a eu une incidence remarquable sur les règles morales des Ewés. Tu ne tueras pas; tu ne voleras pas; tu ne dois pas convoiter la femme ou le bien d'autrui...tout ceci se fait SANS CONDITION. Tout le monde est censé respecter ces règles, pas pour une récompense céleste, mais pour le "bien-être de la société" qu'on dit "VODU" en Ewé. Voilà le lien étroit entre la culture éwée et le vodou. Donc il est impensable qu'un Ewé puisse dissocier sa culture du Vodou parce que toute la culture éwée est programmée en langage vodou car quiconque ne respecte pas les principes de bienséance sera jugé, soit ici à "agbegbome", soit dans "l'au-delà du fleuve" à "avlime" par ses semblables sous l'oeil bienveillant de MAWU (Dieu). Un individu né dans un environnement vodouique, qui se convertit à une autre religion, est entrain de se renier lui-même .
Vozz KOFFI