[LECTURE : TOGOVILLE, HISTOIRE D'UNE THEOCRATIE de Afandina DOSSEH,1994]
SYSTEME DE GOUVERNEMENT NEGRO-AFRICAIN: LA THEOCRATIE NYIGBLIN, LE SYSTEME QUI N'A PAS BESOIN DE CHEF.
Acquis1: NYIGBLIN est le forgeron de MAWU (Dieu chez les EWés). Il est interdit de faire une quelconque représentation du Vodu NYGBLIN.
Acquis 2: MAWU(Dieu) est unique (ce nom MAWU n'ayant pas de pluriel) et il est interdit d'en faire une représentation quelconque ou de lui vouer un culte.
La "théocratie-Nyigblin" est un système politico-religieux des Ewés , dans lequel le pouvoir suprême est détenu par les prêtres-vodu(l'Aveto et les vodunon) et le pouvoir politique est confié aux Assaffo qui sont plus proches du peuple, le tout relié par un Vodu-fio ( roi-prêtre) qui est doté d'un petit pouvoir religieux et a le pouvoir politique suprême. Les Assaffos, plus proches du peuple, transmettent la volonté du peuple au Roi-prêtre sur la base de laquelle il prendra ses décisions.
Dans ce système, chaque famille africaine (donc plusieurs familles modernes) se dote d'un chef de lignage qui a une responsabilité morale de régler les différends au sein de son lignage. Les chefs de lignage sont sous l'autorité politique des Assaffos qui détiennent le vrai pouvoir politique et assurent la grande partie des affaires de la cité. Le conseil religieux, instance suprême, s'occupe de la Justice (la justice étant chose sacrée: ils ne s'occupent que des cas graves comme les différends fonciers, les crimes et les vols aggravés) et du bien-être social.
On voit bien que la grande partie des responsabilités revient aux vodunon (prêtres) et aux Assaffos. Le Roi-prêtre a un statut plus symbolique. Voilà pourquoi, à mort du Roi-prêtre, l'interrègne a une durée minimum de 20 ans durant lesquels le peuple est sans Chef mais les affaires de la cité marchent!
Albert de SURGY, ethnologue français qui a étudié ce système écrit: << [Les Vodu-Roi des Ewés] afin d'exercer une réelle domination sur leurs semblables,il leur semble nécessaire d'entrer en rapport avec de telles puissances ([les vodus]) pour se les concilier, pour en profiter ou pour les commander...On pourrait penser qu'un tel ancrage de l'autorité dans l'invisible est de nature à favoriser l'oppression et l'arbitraire. Cependant le sacré en question s'impose à tous les vivants. Les premiers à lui être soumis sont les chefs eux-mêmes et la condition qui leur est faite est si astreignante qu'à moins de trouver satisfaction à sacrifier son existence au service de la communauté, nul n'a l'ambition d'acquérir ce statut>>
Le respect des normes Nyigblin ont assuré paix, prospérité et cohésion sociale à un ensemble d'ethnies de Bè,Baguida,Porto-Séguro,Badougbé, Ekpui,Azahoun...le tout formant le Royaume de TOAGO. Cette paix et cette tranquille ont été bouleversées suite au contact avec les Allemands et les missonnaires britaniques. Le traité de protectorat de 1884 a occasioné des guerres fratricides et une course vers le pouvoir politique qui ont semé la pagaille dans ce petit Royaume tranquille.
L'auteur conclut en ces termes:
<<Le monde traditionnel de Nyigblin était conservateur,mais pacifique et sécurisant. Jetés dans les tourmentes du monde contemporain, les Togo y ont-ils vraiment trouvé un art de vivre supérieur ?>>
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